Jean-Marie Haesslé
Et si, dans l’oeuvre de Jean-Marie Haesslé, le « sous-entendu » considéré par l’artiste comme inhérent à toute attitude créative, n’était pas autre chose que la peinture elle-même ? Si la construction de la toile n’était qu’un essentiel prétexte à la mise en oeuvre d’une peinture totale, une peinture de couleur, de lumière, de matière, une peinture fondatrice et joyeuse dont il explore depuis près de vingt-cinq années les multiples possibilités expressives ?Il semble bien que cette nouvelle manière abordée par Haesslé en 1989 démontre avec éclat l’affirmation du choix de la peinture, opéré dès l’origine d’une carrière déjà riche et convaincante.
En définissant la démarche artistique comme « l’organisation d’un chaos personnel », le peintre a entrepris la construction savante et intuitive à la fois, d’un dispositif formel et coloristique profondément original.
La figure issue des alphabets anthropomorphes et du vocabulaire décoratif de la Renaissance, s’installe sur la toile pour l’articuler. L’artiste met en place un réseau, une trame fragmentée, définie par la logique de la surface. Ainsi, les figures, modèles préexistants de l’histoire de l’art, ne viennent pas illustrer une préoccupation précisément figurative. Les images employées par Haesslé sont destinées à remplir une fonction structurante de l’espace coloré. La couleur, travaillée en touches très diversifiées, s’étale, s’épaissit, se fluidifie, juxtapose ses teintes et ses densités. Elle éclaire un espace lumineux qui s’accroche aux personnages, aux volutes et aux rinceaux, aux putti et cariatides, aux colonnes et aux balustres…
Ici, pourrait se conclure l’analyse d’un travail parfaitement maîtrisé où chaque toile offrirait l’image d’une aimable variation de la précédente.
Mais voilà, Jean-Marie Haesslé est peintre. Son écriture, son langage, son corps, ses gestes, son âme… s’expriment en peinture et c’est le monde qui se révèle dans un extraordinaire ensemble de propositions picturales sans cesse renouvelées. La richesse de l’échange flamboyant qui s’instaure entre la figure et la couleur, dépasse alors en une claire évidence, le seul discours de la peinture. Haesslé nous parle bel et bien de l’homme et du monde, sans en avoir l’air. Les fragments, les silhouettes, les effacements sont là pour témoigner de ce message. C’est une longue route que celle de l’organisation du chaos. Haesslé, sans prétendre en connaître déjà les étapes, sans en ignorer les obstacles, la trace cependant avec une décision qui suffit à notre confiance. »
Jean-Yves Bainier
Expositions :
« Oeuvres » (03/12/2011 au 07/01/2012)
« Jean-Marie Haesslé »
« oeuvres »