« Divers faits »

« Divers faits »

Pierre Alechinsky


04/09/2010 au 09/10/2010

« Une cinquantaine d’estampes, de 1970 à 2009, imposent ici Pierre Alechinsky parmi les plus grands artistes belges contemporains. Toutes les techniques qui laissent traces sur le papier ont été tour à tour employées par cet artiste né à Bruxelles en 1927 – il seforma à l’École nationale supérieure d’architecture et d’arts décoratifs de la Cambre, puis suivit des cours de publicité, d’illustration et de typographie. Membre du mouvement Cobra de 1949 à 1951, il s’installa à Paris, y étudia la calligraphie japonaise et chinoise – il réside désormais à Bougival. Ses recherches furent à la fois picturales et littéraires, et les livres présentés dans la galerie témoignent de sa coopération avec des poètes, parmi lesquels Dotremont, pour un véritable dialogue entre dessin et écriture.

Faits, gestes et souvenirs

Tous les mixages sont possibles pour ce gaucher ambidextre : aquarelle et gravure pour le Gilles de Binche au bonnet à grelots, empreinte de plaque d’égout de Salzbourg pour une lithographie, gravure et lithographie pour le Partage des eaux, encre de Chine pour Faustina, encre sur papier ancien pour évoquer noir sur blanc Le rêve d’un dormeur assis, tempera, pointe-sèche, eau-forte, etc. Puis les paroles sont arrivées. Alechinsky s’en explique poétiquement : « Par un trou d’encre, me laisser glisser au fond de tous mes dessins, en remonter par une corde à mots ». Sur des papiers de récupération, on devine des mots en français, des comptes, des lettres, des textes en allemand, en italien, des citations. Divers faits, divers gestes, divers souvenirs et aventures, faits divers aussi sont donc l’humus sur lequel l’artiste a fait grandir l’image. Expulsés, de 1988, une encre sur papier, semble chargé de sens et de critiques. Les vastes plages de papier vierge donnent force au trait. Sur de plus petits formats, Madame de Parade évoque le carnaval en Belgique, Et En Espagne c’est Don Quichotte et les châteaux qui rendent hommage à Cervantès. Alechinsky n’admet pas qu’un tableau demeure sans titre. En 2000, il recouvre son Emploi du temps de traits noirs pour le faire connaître et revivre. D’estampe en estampe, l’artiste crée un monde imaginaire, organisé par un fort trait noir, ponctué d’éclaboussures, de cercles, d’enroulements linéaires et de couleurs vives auxquelles Cobra n’est pas étranger. Une rétrospective en tous points remarquable. »

JULIE CARPENTIER, DNA du 9 septembre 2010

divers faits

« divers faits » Pierre Alechinsky