« l’image et le mot »

« l’image et le mot »

04/12/2010 au 15/01/2011

« Cette copieuse exposition est une promenade à travers l’art contemporain de qualité, dans sa relation au réel. Chantal Bamberger a regroupé les œuvres d’une

vingtaine de plasticiens contemporains sous le titre « L’image et le mot ». Sous une apparente simplicité, les techniques actuelles autorisent diverses interférences et manipulations de l’image et du mot, à une époque où, bien souvent, la seule tradition est de refuser la tradition.

Jaume Plensa, avec Nous de 2008, offre la silhouette féminine anonyme en résine blanche sur papier, image symbolique que les lettres inscrites sur son

front invitent à décrypter. De même, avec un bronze intitulé Freud’s Mother, il insinue que le calme ne régnait pas toujours dans le foyer du futur psychanalyste. Les mots éclairent l’image. Sur ardoises d’écolier, Joël Kermarrec colle des lettres.

L’être et sa création

Dans la civilisation de l’image dans laquelle nous vivons, point n’est besoin de séduire ni d’honorer, mais bien de changer le regard porté sur l’œuvre. C’est ce que réussit à faire Ann Loubert dans sa série Berlin, pour laquelle l’écriture à l’envers s’impose sur les lavis. Pierre Gaucher affirme d’ailleurs Le monde est à l’envers en une pièce puissante en acier doux oxy-coupé. Pour que Le hasard ait sa place, il a fondu une boite et des lettres en acier doux matricé. Cette œuvre, par les caractères, transforme la matière en jeu possible. Le Message de Jean Le Gac est moins sibyllin. Comme Beueys, il laisse les traces de ses tubes de couleurs, de son chapeau. Le mot n’est pas toujours nécessaire pour signifier l’être et sa création. Beaucoup d’œuvres remarquables comme celles de Tapiès, Titus-Carmel, Jan Voss, Adami, Alechinski ne sont pas dans la dualité, le mot complétant, expliquant l’image. Il n’en demeure pas moins que cette copieuse exposition, intéressante dans sa diversité, est une promenade de qualité à travers l’art contemporain, dans sa relation au réel. »

JULIE CARPENTIER, DNA, 23/12/10