« Peintures a tempera »
27/10/2007 au 24/11/2007
Natures mortes et paysages : Pascal Lombard expose en voisin, chez Chantal Bamberger à Strasbourg. Né à Besançon en 1959, Pascal Lombard y a fréquenté l’École des Beaux-Arts puis, attaché à sa province, envoûté par sa beauté, il y a trouvé son épanouissement dans une relation intime avec la nature. Il y vit donc, y travaille et expose surtout en Franche-Comté et en Suisse.
Silence et mélancolie
Si l’une des définitions de l’artiste est d’être celui qui pose un regard nouveau sur la réalité, à coup sûr Pascal Lombard entre dans la catégorie. Il ne reproduit pas les rochers qui surplombent la Loue, il les interprète dans une gamme de tons sourds posés sur la toile de jute. Il emploie la tempera à l’oeuf, technique ancienne qui laisse paraître par endroits la chaîne et la trame du support. L’atmosphère est étrange, porteuse de silence et de mélancolie, en somme plus illusionniste que réaliste. Contrairement à Gustave Courbet qui peignit les mêmes sites, Pascal Lombard ne montre pas, il suggère, avec des gris, des verts, des mélanges de terre de Sienne et d’ocres, des lignes d’arbres fantomatiques, des formes construites au-dessus desquelles le ciel se dérobe. Portant à la méditation, chaque paysage laisse à chacun la liberté de le voir autrement.
Par la technique et les sujets, natures mortes et paysages ne sont pas ici dans l’air du temps, mais cette nouvelle esthétique est le fruit d’un savoir-faire, pour un réemploi tout à fait réussi : paysage vu à travers une fenêtre, vue plongeante sur les prairies, figues et citrons, jeu de transparence du vase avec une rose, lumière tamisée. L’intérêt de ces peintures réside aussi dans l’articulation intérieur / extérieur où l’immobilité et le silence règnent. On peut y appliquer cette formule de Balthus : « Je n’essaie pas de m’exprimer, mais plutôt d’exprimer le monde ».
Julie Carpentier, DNA, édition du Jeu 8 nov. 2007